Avant, j'étais parfaite

Aujourd'hui, je vais vous raconter une petite histoire.

Avant, j’étais parfaite.

Parfaite selon ma définition, mais pas que. Parfaite aux yeux de beaucoup de monde aussi. Et, non, ce n'est pas de la prétention mal placée.

 

En même temps, je le méritais ce statut, je faisais tout pour. C'est du travail d’être parfaite hein, c'est pas inné.

 

Mon obsession de la perfection a commencé très tôt. Dès la maternelle. Je me rappelle que je faisais tout pour être la préférée des professeurs et que je ne dépassais jamais quand je coloriais.

 

Puis, il y eut l’école primaire. À cette période, il est bon ton d’être doué. Au prix d'un travail acharné, je fus donc première de la classe pendant des années. Évidemment, aussi, comme étant la plus gentille, la plus jolie et la mieux habillée de l’école (c'est un fait) j’étais, aussi, la première dans le cœur des garçons et toutes les filles me jalousaient.

 

Au collège, en même temps que les mentalités évoluaient, j'ai compris qu'il n’était plus à la mode de travailler. Pour continuer à être admirée, je suis, donc, devenue la reine des tasspé.

Obsédée par mon image c'est à cette époque que j'ai appris à tout contrôler. Mon regard, ma démarche, mon attitude, mes paroles, mes actes, et, même, le ton de ma voix, tout était consciencieusement imité. Depuis les magasines, les séries ou les clips à la télé. Pour correspondre à ce que tout le monde attendait.

Je ne voulais plus être la meilleure en cours, je voulais ressembler aux stars, aux modèles que les autres admiraient.

 

Et comme j'y mettais toute mon énergie, j'y arrivais.

 

Puis, l'âge adulte est arrivé. Je suis, donc, devenue la parfaite fille, la parfaite amie, la parfaite petite amie et la parfaite employée, qui ne se plaint jamais et toujours de bonne humeur en société.

 

Parfaitement belle. Parfaitement gentille. Parfaitement marrante. Parfaitement attentionnée. J'avais toujours un mot pour divertir ou un geste pour aider.

Corps parfait, ongles manucurés, poils épilés. On fait surtout pas la salope et l'appartement est propre et bien rangé.

 

Même dans mon imperfection, j'étais parfaite. La plus parfaite des teuffeuses : mi-ordonnée, mi-déjantée.

 

Mais au fond de moi, très souvent, une voix me criait de tout lâcher.

 

Incapable de posséder la discipline pour faire de grandes études ou le courage nécessaire pour faire le sport qui me donnerait le corps souhaité, ni, même, la patience ne pas me laisser dévorer par mes émotions au boulot, en couple ou en société, je finissais régulièrement par exploser. Non sans être accablée par la culpabilité.

Périodes de dépression, conflits familiaux, démissions à gogo, je ne supportais, finalement, la pression pas longtemps et j'envoyais constamment tout bouler.

Je m'en voulais tellement quand je vrillais... Coupable de ne pas être parfaite, de ne jamais finaliser mes projets, et de ne pas être, de toute façon, satisfaite quand j'y arrivais.

Pendant 33 ans, j'ai, donc, passé mon temps à culpabiliser d'osciller entre « envie de correspondre à mon idée de la perfection » et « envie de tout envoyer chier ».

 

Jusqu’à ce que je finisse par vraiment, vraiment, craquer.

 

Après avoir passé 1 année complète à vouloir être plus que parfaite pour les gens que j'aimais. Fragilisée par la crise Covid et ces amis qui m'en demandaient toujours plus, j'ai totalement vrillé

Vidée de mon énergie j'ai, enfin, décidé de m’écouter. Je me suis rendu compte que je me foutais une pression monstre et que vouloir être parfaite était en train de me tuer.  À ne jamais vouloir décevoir, je ne montrais que très rarement mes émotions ou qui j'étais vraiment. Et, silencieusement, inconsciemment, insidieusement, tout ce que je refoulais, me rongeait de l'intérieur (et, c'est pour cette même raison, que, souvent, j'explosais.)

 

Mais, pourquoi je me faisais tant de mal, vous allez me dire ? Mais parce que me le demandait, pardi ! Depuis toujours, comme beaucoup de monde, on me répétait que je n'étais jamais assez, et comme je n'avais jamais appris à prendre confiance en (mon vrai) moi, j'y croyais !

 

Jamais assez sage, jamais assez bonne à l’école, jamais assez ambitieuse, jamais assez altruiste, jamais assez bien maquée, maquillée, bonne, salope, prude ou habillée.

Jamais assez pour cette société constamment dans le jugement, qui passe son temps à nous accabler.

 

Quand j'ai compris que je m'acharnais à suer, à me faire belle, à tout ranger, à rester sage, ou à être encore plus folle, pour correspondre à une perfection que de, toute façon, la société, les mecs, la famille ou encore (et surtout) moi-même, ne m'accorderaient jamais, j'ai décidé de me laisser un peu respirer !

 

Et, j'ai, plutôt, entrepris de m'accepter.

 

 

Depuis, comme dirait mon thérapeute : « je me fous la paix ! » Assez de me flageller, de m'en demander trop, de suivre des objectifs irréalisables et surtout de de m'auto-juger.

 

Aujourd'hui, paradoxalement, je n'ai jamais fourni autant d'efforts qu'auparavant, mais ce ne sont pas des efforts disproportionnés. Mon énergie, je la dépense, un peu, pas trop, juste ce qu'il faut, sans vouloir trop bien faire (c'est dur, mais je me régule) dans des domaines variés, mais surtout dans des domaines où je peux vraiment évoluer. Des domaines qui me concernent moi et moi seule, et je m'accorde, donc, le droit de donner le temps et l’énergie que j'ai envie d'y engager. 

Je m'autorise aussi à exprimer ce que je ressens, même si, parfois, c'est mal accepté par les autres, comme être en colère, de mauvaise humeur, malade ou fatiguée.

Et, surtout, surtout, si un jour j'ai la flemme de me faire belle, de ranger mon appart, ou encore de super bien travailler, je me pardonne, j'accepte d'avoir moins d’énergie, je ne me justifie plus et j’arrête de culpabiliser.

 

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