Comment sont fabriqués les cachets d'ectasy ?
Nous étions lundi dernier. Il était 17h30 exactement et je me trouvais dans mon lit depuis 2h avec – j'en sais rien, en vrai, mais j'aime bien y croire – 39 de fièvre et la tête qui allait exploser. À 2 doigts de décéder (sans exagération aucune, bien entendu) je me dis qu'il serait p'tet temps de prendre un Doliprane.
C'est alors qu'un étrange débat commença dans ma tête.
_ Oh, à quoi tu penses, là ? Tu vas quand même pas prendre un médoc pour rien hein ? souffla petite voix n°1, atterrée par le manque de jugeote de son hôte.
_ Mais ce n'est pas pour rien là quand même, n’exagère pas, intervint alors petite voix n°2 qui, elle, aurait bien voulu qu'on stoppe ce mal de tête par tous les moyens.
_ La douleur est tout à fait supportable. Dors encore un peu et la douleur va passer, ne put s’empêcher de renchérir petite voix n°1, fière d’être si forte. Elle.
Bien évidemment, cette phrase d'apparence anodine mais cachant en réalité un reproche déguisé, vexa instantanément petite voix n°2. Celle-ci, accusée d’être faible et à présent sur la défensive, arbora son masque de « madame-je-sais-tout ». Elle toisa sa consœur de son regard hautain :
_ Nan mais faut arrêter là, t'as mal à la tête, t'as des courbatures, y'a un médicament qui a été inventé pour ça, il s'appelle le Doliprane, tu le prends, point. Tu crois qu'il va t'arriver quoi ? Qu'un troisième bras va te pousser ?
Petite voix n°1 savait bien que petite voix n°2 était toujours persuadée d'avoir raison sans jamais faire l'effort d'essayer de la comprendre, mais elle tenta tout de même d'appuyer ses propos calmement :
_ Parce que tu connais les effets à long terme, toi ? Moi non. On fait confiance aveuglément mais en vrai, on ne sait pas ce qui y'a dedans donc plus on peut éviter, mieux c'est.
C'est alors que petite voix intérieure n°1 eclata de rire en traitant mentalement petite voix intérieure n°2 de demeurée (son insulte préférée).
_ Nan mais la blague, et tes ecsta ? Tu sais ce qu'il y a dedans peut-être ?
Petite voix n°2 venait de marquer un point. Certes. On ne savait pas, non plus, ce qu'il y avait dans les petits cachets colorés qu'on gobait allègrement depuis des années...
Mais petite voix n°1 avait plus d'un argument dans son sac et lui rappela qu'ils lui avaient fourni bien plus d'effets bénéfiques que tous les médicaments qu'elle avait pu prendre dans sa vie. Et que ça suffisait amplement à lui donner confiance en leur composition.
Ce à quoi l'autre répondit que si c'était illégal c'est qu'il y avait sûrement de bonnes raisons à cela et que l'expérience personnelle ne prévalait pas sur celle de toute la société.
Petite voix n°1 commença à sentir la colère monter. « AH la société! Parlons en de la société... » Mais petite voix n°2 pouffa avant qu'elle ne termine sa phrase et lui parla de rond point, de gilets jaunes et de reptiliens.
C'est alors qu'une voix grave excédée par tant de gamineries gronda dans les hauteurs.
« Avant de se battre pour ses idées, il faut savoir de quoi on parle, sinon on se tait. Puis il ajouta solennellement : Et ça vaut pour les deux cotés. »
Mon juge intérieur venait de trancher.
Alors que petite voix n°1, plus spirituelle, se fiait à son propre ressenti, petite voix n°2, plus rationnelle, elle, voulait des faits. Si mon juge intérieur, lui, savait que les deux pouvaient détenir une vérité, il savait, aussi, qu'aucune des deux ne faisaient jamais l'effort de comprendre l'autre et de s'y adapter.
Petite voix n°1, plus mature et sage depuis qu'elle avait craqué l'année passée décida alors de faire le premier pas et d’enquêter. Pour rassurer petite voix n°2 mais surtout pour gagner en légitimité ! (Et qui sait, peut-être qu'un jour, petite voix n°2 décidera de tester.)
Alors, l'ecstasy, c'est quoi exactement ?
L'ectasy, aussi appelé « drogue de l'amour », est une drogue psychoactive composée principalement de MDMA, mais aussi d'autres drogues, dont la présence et la teneur dépend du laboratoire l'ayant fabriquée. On y ajoute souvent de la caféine, des amphétamines ou du LSD, mais on peut y retrouver, parfois, des drogues beaucoup pus dangereuses, voire mortelle, telle que le PMA (c'est pourquoi il vaut tout de même mieux faire tester sa drogue par des associations avant de la consommer).
Lorsque la MDMA est pure et non transformée (enfin, sauf si un petit dealer peu scrupuleux l'a coupée entre temps) on la retrouve sous forme de cristaux qui ressemblent à du sel de Guérande et vendus en petits sachets. Si on y ajoute des excitants et qu'on l'a transforme visuellement pour la rendre plus attractive au prés des clients (couleur fluo et label du labo tamponné dessus (attention aux contrefaçons)) elle prend alors la forme de cachets colorés, que l'on appelle ecstasy.
L'ecstasy est consommée pour ses effets aphrodisiaques, euphorisants et empathogènes.
Comment est-il fabriqué ?
L'ecstasy est fabriqué en laboratoire et nécessite plusieurs étapes avant d'arriver à son résultat final. Chacune des étapes est gérée par un intermédiaire différent pour plus de discrétion, organisation et sécurité, puisque rappelons-le c'est illégal dans le monde entier (bien que la Hollande et le Portugal soient beaucoup plus souples quant à leur consommation).
La première étape de la synthétisation de la drogue est la transformation du produit de base, appelé précurseur.
Au tout départ, avant que les premiers laboratoires (se trouvant principalement au Cambodge) ne soient démantelés, il s'agissait d'huile de safrassas, un arbre originaire d'Amérique et d’Asie. Puis lorsque son trafic fut contrôlé et fortement freiné, les laboratoires ont commencé à synthétiser la molécule. Aujourd'hui, celle se rapprochant le plus du produit naturel du départ est appelée PMK et est fabriqué principalement en Chine. Mais ça fait bien longtemps qu'elle est, elle aussi, tombée sous le coup des lois internationales et ne peut être utilisée que dans la parfumerie ou pour raison médicale. C'est pourquoi, les trafiquants utilisent maintenant le PMK-glycate, molécule légèrement modifiée de celle de base donc, mais surtout légale. Cette dernière est envoyée par bateau vers l’Europe et sera à nouveau transformée dans les laboratoires clandestins de Pologne ou de Belgique (la Hollande contrôlant trop l'importation hors espace Schengen de produits chimiques, légaux ou non) pour redevenir du PMK classique.
Le PMK classique passe ensuite les frontières européennes (beaucoup plus libres) pour arriver jusqu'aux laboratoires clandestins des Pays-Bas, premier producteur mondial d’ecstasy.
Dans ces hangars aménagés et soigneusement cachés dans les campagnes néerlandaises, la structure du PMK est alors modifiée afin qu'elle colle aux récepteurs chimiques de nos petits cerveaux de drogués. Puis, on la distille (comme l'alcool) afin de la purifier et on y ajoute ensuite un solvant qu'on filtre pour y extraire des petits cristaux qu'on appellera, donc, MDMA.
À cet instant, elle est soit envoyée en l’état à des grossistes qui la revendront ensuite à de plus petits commerçants, soit envoyée chez un autre intermédiaire (néerlandais toujours) possédant d’énormes compresseurs permettant d'y ajouter des colorants et autres agents remplisseurs, ce qui donnera ces fameux cachets d’ecstasy.
Comment être certain que c'est bien contrôlé ?
C'est bien là tout le problème. L’ecstasy étant interdit, il ne peut être contrôlé que par les trafiquants eux-mêmes et qui dit trafiquants dit (du moins, j'imagine) peu de scrupules.
Depuis quelques années, la teneur en MDMA des cachets d'ecstasy a fortement augmentée (et est donc aussi de plus en plus pure), les gros producteurs se battant certainement contre la concurrence et la demande toujours plus grande des consommateurs, obéissant, eux aussi, aux lois du marché.
Si les petits revendeurs vigilants ne nous cachent rien de la teneur de MDMA dans chaque ecstasy vendu grâce aux catalogues en ligne que l'on trouve sur le darkweb, certains non-initiés peuvent courir un réel danger. Une surdose de MDMA peut entraîner une forte déshydratation et, dans de rares cas, un arrêt cardiaque. C’est pourquoi, il est recommandé de toujours faire tester ses produits par des associations de prévention qui vous fourniront des kits gratuitement.
L’intérêt des narcotrafiquants étant, tout de même, de garder leur clientèle en vie et, surtout, satisfaite du produit, on ne dénombre que très peu d'accidents par rapport au nombre de consommateurs ces dernières années. Sur les 1,9 millions de français ayant déjà consommé de l’ecstasy (source : drogues.gouv.fr) (on n'a pas les chiffres des réguliers mais on parle d'environ 10%, soit près de 200.000 personnes) une vingtaine de décès en France serait à déplorer chaque année (source francetvinfo.fr), soit un taux d'environ 0,01%.
Pour rappel, l'alcool tue 41.000 personnes chaque année (source : santépubliquefrance.fr) pour 6,5 millions de consommateurs réguliers (source : santépubliquefrance.fr), soit un taux d'environ 0,6%.
Mais c'est l’ecstasy qui est toujours interdit et l'alcool toujours autorisé...
Mais alors, pourquoi sont ils interdits ?
Interdit en France en 1970, au Canada en 76 et aux Etats-Unis en 85, l’ecstasy a beaucoup été décrié. Façon de pensée divergente, trouble à l'ordre public, pratiques sexuelles outrageantes, ouverture d'esprit trop grande de la part des consommateurs qui trouvaient une autre raison d’exister que le travail (pardon, je m’égare) ça plaisait pas beaucoup aux autorités tout ça. On a évoqué des accidents, des morts, mais dans les faits y'en a pas eu beaucoup. Du moins pas par la MDMA en elle-même, mais sûrement, il est vrai, par les autres drogues qu'on y a ajouté.
Depuis l'aspect dangerosité est resté ancré dans les mentalités et ses défenseurs peinent à se faire entendre pour prouver le contraire. Si dans les années 70 la MDMA était utilisée de façon expérimentale en complément de certaines psychothérapies, et notamment pour lutter contre le stress post traumatiques, elle a très vite été interdite à cause de son utilisation festive.
De récentes études ont montré que la MDMA, si sa fabrication était contrôlée et consommée avec modération ne comportait aucun danger, voire apportait de nombreux bienfaits à ses usagers (voir article https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/la-mdma-ecstasy-franchit-une-nouvelle-etape-contre-les-stress-post-traumatiques_112601) l’Israël en a même prescrit pour la première fois à une cinquantaine de soldats souffrant de stress post-traumatiques (voir article https://www.traxmag.com/la-mdma-vient-detre-prescrite-pour-la-premiere-fois-comme-medicament/)
Précurseur initial tout à fait naturel, celui synthétique autorisé pour raison médicale, cachet d'ecstasy contenant quasiment que de la MDMA, accidents extrêmement rares (et qui arrivent uniquement car aucune institution gouvernementale ne contrôle les contrefaçons), études sérieuses en vantant les bienfaits, alors la France (et ma petite voix intérieure rationnelle qui a toujours besoin de preuves pour être convaincue) à quand un changement de mentalités ?
Sources : le monde.fr, mixmag.fr, camh.ca