Le Coin de France

  • Avant, j'étais violente

    Peu de temps après, c’était les tables de l’école que je faisais valdinguer à la moindre contrariété.

    Puis vint l'adolescence, où cette fois-ci, c’était la tête de ma sœur que je rêvais, à coups de marteau, d'exploser.

  • Avant, je ne savais pas prendre soin de moi.

    Oui, parce que c'est bien beau de prendre soin de soi après s’être volontairement niqué la santé. Mais, ce n'est pas vraiment prendre soin de soi, ça, c'est, juste, réparer le mal que l'on s'est fait.
  • Avant, je ne ressentais rien

    Au-delà de ne plus avoir beaucoup de souvenirs, je ne m'autorisais donc pas à ressentir, car ressentir, signifiait avoir envie de crever.
  • Avant, j'étais trop gentille

    Moi, qui acceptais que des coupables ne s'excusent pas, parce que je les avais déjà (en grande sage que j'étais) pardonnés. Moi, qui me suis sentie tant de fois abandonnée ou trahie par des gens à qui j'avais pourtant tout donner. Moi, qui ne me plaignais jamais (mais qui écoutaient toutes les plaintes des autres car, you know, il fallait bien les aider). Moi, qui me remettais en question dès qu'on m'accusait, moi, qui passais ma vie à m'excuser.
  • Avant, j'étais une séductrice

    La séduction, c'est aussi flatter l'autre pour qu'il se sente, à vos cotés, spécial, et qu'il soit, donc, accro à vous et à la sensation de bien-être que vous lui apportez.
  • Avant, je me dévalorisais

    Pendant 33 ans, je me suis donc, auto-flagellée, rabaissée, dévalorisée, sous-estimée, insultée, tout ça parce que je pensais que c’est ce que les gens attendaient, tout ça parce que je ne voulais pas déranger.
  • Avant, j'étais egocentrique

    Ouiiiii, booooon, alooooors, en vraiiii, « avant, avant » un peu, encore, beaucoup, pas mal, maintenant, on va pas se mentir, tout le monde le sait (moi en premier).

    Mais bon, disons que y'a du (mille fois) mieux et rien que pour ça, ça mérite d’être raconté au passé.

  • Avant, je voulais sauver les gens

    Ah, qu'est-ce que c’était cool de sauver les gens, de les réparer comme je disais, ça me rassurait sur le fait que j’étais une bonne personne, ça me donnait une utilité.
  • Avant, j'avais toujours quelque chose à prouver

    Alors vous allez me dire, « mais en quoi ça consiste exactement quelque chose à prouver ? » Et bien, c'est simple, ça consiste à vouloir montrer au monde ce que je valais. Par des comportements, des paroles, ou des faits.
  • Avant, je culpabilisais pour tout

    Coupable de ne pas réussir à dire non, ou de ne pas dire oui, coupable d’être une mauvaise personne, ou d’être trop gentille, coupable de mentir, ou de dire la vérité, de prendre du plaisir, ou de me faire du mal, d’être trop sensible ou trop dure, enfin bref, coupable de tout et son contraire, du trop bien, au pas assez.
  • Avant, j'étais drôle

    Ah, qu'est-ce que j'ai pu rire de moi, de mes angoisses, de mes blessures, de mes trauma. Au lieu d'assumer mes vulnérabilités. Qu’est-ce que j'ai pu me dévaloriser sur les réseaux ou dans la vraie vie, en racontant mes misères, que je ne voulais surtout pas dramatiser.
  • Avant, j'avais plein d'amis

    Parfois, on me faisait des remarques désagréables (qui étaient souvent, d’ailleurs, annonciatrices d'une rupture, parce que, bon, fallait bien que je fasse le tri). On me reprochait de ne pas aimer vraiment, on disait que ce n’était pas normal d'aimer tout le monde de la même manière.