Avant, je me dévalorisais

Aujourd'hui, je vais vous raconter une petite histoire.

Avant, je me dévalorisais.

 

 

 

Et pour ceux qui me suivent depuis longtemps, vous savez, oh combien, c'est vrai.

 

« Je suis une connasse, je suis moche, je suis bête, je ne suis pas cultivée. »

 

« Mon livre c'est de la merde, je suis une feignasse, une menteuse, et tout ce que je fais est à chier. »

 

Voilà, à peu près, les phrases principales qui, pendant 33 ans, ont rythmé mes journées.

 

Mais bon, en même temps, il faut me comprendre, c’était dans mon devoir de rétablir la vérité !

 

En remettant les choses à leur places quand les gens osaient me complimenter.

 

Je ne pouvais, tout de même pas, les laisser mentir éhontément sur mes capacités !

 

Moi, exceptionnelle ? Oui, je crois, mais en fait non, mais peut-être, mais faut pas le dire, parce qu’après quand tu le dis trop, bah, on a envie de t’agresser.

 

Puis, je les voyais bien les reproches dans leurs têtes, je les voyais bien qui avaient envie de me critiquer.

 

Alors, j'anticipais, par pur altruisme you know, pour les soulager.

 

Car, oui, on se dévalorise aussi pour garder le contrôle. En court-circuitant ce que les autres pourraient bien dire de nous, si, toutefois, ils osaient révéler (ce que l'on croit être) leurs pensées.

 

Prendre le courage, à leur place, de m'auto-rabaisser, me permettait de garder le pouvoir, de continuer à controler.

 

Pendant 33 ans, je me suis donc, auto-flagellée, rabaissée, dévalorisée, sous-estimée, insultée, tout ça parce que je pensais que c’est ce que les gens attendaient, tout ça parce que je ne voulais pas déranger.

 

Jusqu'à ce qu'on me fasse comprendre, un jour, qu'à force de le répéter, bah, j'avais fini par le penser.

 

Ce jour de février 2021, une fille, toujours cette fille cet ange tombé du ciel qui m'a ouvert les yeux sur mes croyances faussées m'a demandé pourquoi je n’arrêtais pas de m'insulter et m'a invitée à me pardonner.

 

Je vous raconte pas comme j'ai chialé. Car, tout à coup, ma carapace s'est écroulé.

 

Moi qui pensais m'aimer, moi qui pensais ne pas me faire tant de mal que ça a me rabaisser, moi qui pensais que ce n’était rien, que ce n’était qu'un jeu pour être acceptée en société, j'ai réalisé, qu'en fait, si je faisais ça, c'est parce que, tout au fond de moi, bah, je me détestais.

 

Je me détestais tellement que j’étais persuadée qu'on m'abandonnerait quand on verrait la vérité.

 

Alors, avant que les gens ne découvrent, trop tard, quelle horrible personne j’étais, j'anticipais en leur dévoilant, en avance, mes pires traits de personnalité.

 

Car, oui, quand on se dévalorise, que ce soit pour rigoler ou par fausse humilité, c'est parce qu'en réalité et ce malgré ce qu'on peut bien, en surface, penser on a une estime de soi complètement à chier.

 

La vérité, c'est que je n’étais pas en paix avec moi-même, que je n'acceptais pas la personne que j’étais, et que je croyais, donc, duper les gens quand on m'aimait.

 

 

(Tout en espérant, secrètement, tomber un jour sur quelqu’un qui répondrait à mes dévalorisations en disant m'accepter.)

 

Je n'avais pas compris qu'en me dévalorisant, c'était ma propre validation que, désespérément, je cherchais.

 

Ce que j'ai donc, ce jour-là, entrepris de commencer à me donner.

 

En apprenant à me connaître, sans me voiler la face, en découvrant mes cotés sombres dans leur entièreté et en apprenant à me pardonner.

 

Je ne vous raconte pas à quel point il a été difficile la première fois, de répéter après mon psy, quelle belle personne j’étais.

 

Je ne vous raconte pas combien de fois, j'ai bégayé, j'ai pleuré, j'ai suffoqué, rien qu'à l’idée de m'adresser cette simple petite phrase : « tu mérites d’être aimée. »

 

Mais aujourd'hui, après des années de travail, à me le répéter encore et encore, je crois que j'ai fini par l'accepter !

 

 

Et notamment, en arrêtant de me comparer et en admettant qu'il n’était pas grave d’être imparfait.

 

Même si, évidemment, je continue dans ma tête, à être beaucoup trop dure envers moi-même (car il est plus confortable de continuer à être la nulle qu'on a toujours pensé être, car c'est un rôle que l'on connaît) dorénavant, je suis très attentive à la façon dont je parle de moi, et ça fait des mois que je ne me suis pas entendue (enfin je crois) m'insulter.

 

Car, j'ai compris que quoique je pense, que ce soit pour rigoler, pour prévenir les gens, ou pour anticiper leur pensées, la façon dont je parle de moi agit directement sur ma capacité à m'aimer.

 

Aujourd'hui, je sais qui je suis et je m'accepte dans mes défauts comme dans mes beaux cotés. Et j'ai (presque) arrêté de me juger. Aujourd'hui, je ne préviens plus les gens de ce qu'ils pourraient bien découvrir et s'il arrive qu'ils ne m'acceptent pas dans mon entièreté, bah, je me dis que c'est qu'on n'était pas fait pour se fréquenter. Aujourd'hui, je crois que l'on doit s’aimer inconditionnellement, et ce, peu importe si la terre entière devait essayer de nous prouver le contraire, nous, on est dans le devoir, presque vital, de, quoiqu'il arrive, s'accepter et s'aimer.

 

Allez, namasté.

 


 

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